Clandestines

« Les Américains sont nos meilleurs amis, que nous le voulions ou non », déclaration, prononcée à la Chambre des communes par Robert Thompson, chef du Parti Crédit social au début des années 1960. Les idées, les attitudes, les modèles et les échecs américains façonnent la nature même du Canada. Dans ces temps où les pro-vie gagnent du terrain malgré l’arrêt Roe v. Wade décriminalisant la pièce écrite de façon magistrale par Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent s’avère tristement d’actualité.

Le thème de la pièce est l’avortement. Décriminalisé seulement en 1988 et dont il faut toujours se battre pour ne pas le perdre. Aujourd’hui encore son accès n’est pas toujours évident. Voici ce qu’en disent les deux protagonistes de cette pièce.

Nous sommes nées en 1983. L’avortement a été décriminalisé en 1988. Nos mères n’étaient pas maîtresses de leur utérus. Nous sommes la première génération de notre lignée à bénéficier de l’accès à ce soin de santé. Et encore, cet accès n’est pas le même sur tout le territoire. Comment est-ce possible que ce droit soit retiré à nos consoeurs et nos confrères, ici maintenant, sous nos yeux? […] Il faut admettre qu’il n’a jamais été aussi urgent de regarder en face la question du droit à l’avortement. Sommes-nous à l’abri d’un tel recul? Qu’est-ce que ça implique d’être pro-choix? Comment ça s’organise, un renversement? Comment ça s’organise, à l’intérieur de soi? Nous avons choisi de nous prêter au jeu dangereux de chercher les brèches dans nos systèmes. Pour apprendre ensemble à nous protéger. Avant qu’il ne soit trop tard.

Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent

La scène se passe en 2025. Dans ce premier acte, un soir, alors qu’elles attendent leur dernière patiente, une médecin (Myriam LeBlanc) et une sage-femme qui pratiquent des avortements dans la clandestinité attendent une femme (Nahéma Ricci). L’inattendu se produit et leur vie bascule.

Dans le second acte, plusieurs points de vue sont amenés à nous. Les pro-vie via Diane Lavallée qui via son bénévolat dans une association veut dissuader les femmes qui veulent avorter. Les politiciens à travers un jeune politicien (Alexandre Bergeron), qui revendiquent être anti-choix et l’application de la loi lors d’un procès avec l’avocat (Mattis Savard-Verhoeven) et enfin la difficulté à avoir accès à un avortement de façon légale et sécuritaire (Sofia Blondin).

C’est fort, percutant, et malheureusement un combat gagné, mais fragile à préserver.

Il faut absolument aller voir cette pièce pour le sujet, pour les dialogues, pour les acteurs. Mais s’il ne devait y avoir qu’une seule raison, le texte. les mots sont pesés, choisis pour nous émouvoir. rire et réfléchir. C’est une pièce qui fera date dans toutes celles que j’ai eu l’occasion de voir. Je ne peux que remercier la vie de m’avoir donné cette opportunité.

En représentation jusqu’au 11 février au centre du théâtre d’aujourd’hui, j’espère vivement que par la suite elle sera jouée dans beaucoup de théâtre à travers la province.

Billetterie

Crédits photos : Valérie Remise

2 réflexions sur “Clandestines

  1. Il faut que les lois s’adaptent aux connaissances scientifiques contemporaines :

    « A la question : « A partir de quel moment le mot « tuer » s’applique-t-il ? », il faut, à mon avis, répondre : dès la jonction des gamètes mâles et femelles. Après la conception, débute une trame de développement continu qui ne permet aucun découpage. L’avortement est un meurtre. »

    (Hubert Reeves, astrophysicien, « Malicorne »)

    • Bonjour Jean-Léon

      Je laisse le libre arbitre à chacun sa position à ce sujet. Mais je pense surtourt que la femne a le droit de disposer de son corps. l’avortement n’est jamais fait par plaisir et avant d’en arriver là il y a 2 personnes, sauf que c’est la femme qui est visé lorsque vient le temps de prendre cette décision

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