Nous vivons la nostalgie de demain

Comme le dit si bien le titre, la pièce se situe en 2175. L’environnement est devenu hostile pour l’être Humain. La température avoisine les 60°C, impossible de sortir sans vêtements de protection et il n’y a presque plus de naissance naturelle.
Basé sur l’écriture d’Anja Hilling (auteur allemande), on suit donc le personnage de Pagona, interprétée par Émilie Dionne, une jeune femme qui va, contre toute attente tomber enceinte. Bien que sachant qu’elle n’a que 2 % de chance de survivre à l’accouchement, elle décidenéanmoins de garder l’enfant. Pour laisser une trace à sa fille, elle enregistre ses souvenirs dans un dictaphone, sous forme de poème.

Toute la pièce est vue par le prisme des souvenirs de Pagona, et ces derniers étant notre monde actuel, nous, en tant que spectateur, pouvons, nous interroger sur des questions bien actuelles : Est-il trop tard pour sauver notre planète ? Quelle planète allons-nous laisser aux futures générations.
Sauf qu’en 2175. Il y a toujours de la vie. Et qui dit vie, dit espoir. Autour de Pagona deux autres personnages, les deux hommes de sa vie. Taschko (Miro Lacasse) dont elle est éperdument amoureuse et Posh (Pascal Contamine), sauf que… sauf que ce n’est pas Taschko le père.
Ce dernier n’est plus capable de supporter qu’on touche son corps depuis qu’il a été gravement brûlé. Amour platonique dès lors. Est-ce Posh? Je vous le laisse découvrir en allant voir la pièce.
Geneviève L. Blais met en scène cette histoire de transmission et d’amour où se mêlent le désir, la beauté et l’extraordinaire énergie vitale des êtres. La vie est plus forte que tout.
L’un des intérêts est la scénographie, le choix du lieu. J’ai été « bluffée ». Les représentations ont lieu dans l’ancienne chapelle des hospitalières. Tout est vraiment étudié, rien n’est laissé au hasard. Les peintures de Taschko sont inspirées des couleurs du peintre Peter Doig. Leurs appartements sont recouverts de tapisseries à base de peau humaine tatouée (fait par l’artiste tatoueuse Katakankabin) pour évoquer des instants de bonheur en plein air, dont l’inspiration est tirée de films rescapés du monde d’avant les extraits sonores et vidéo ne sont pas non plus anodins. De là, le lien entre Taschko et Posh. Tashcko est l’artiste et Posh l’entrepreneur, son patron, mais pas que…
Autre particularité le fait que nous ayons des casques d’écoute, fait que la voix des interprètes entre en nous. Et quelle voix ! elles ont toutes les trois des sonorités différentes, mais envoutantes. Émilie Dionne est de toutes les scènes et mon énorme coup de cœur de la soirée. Elle met toutes ses tripes sur la table si vous me permettez l’expression. Elle était tellement investie qu’elle avait les larmes aux yeux à la fin de la pièce.
il y a quelques jours Geneviève Blais metteure en scène de la pièce a donné un entrevue à
Winston McQuade. Si vous voulez en savoir plus, je vous encourage à l’écouter car très interressante.
C’est rare qu’on les souligne, mais merci à Fruzsina Lanyi (Costumes et objets), Symon Henry (musique) et Emmanuel Granger (vidéo) d’avoir embarqué dans ce projet. Votre apport est un plus à mes yeux.
Courez allez voir cette pièce production du théâtre à corps perdu qui sera jouée jusqu’au 24 septembre 2022. Lien pour la billetterie
PS : l’expérience nécessitant l’utilisation d’un casque d’écoute qui sera prêté, en échange d’une carte d’identité, alors ne l’oubliez pas
Les acteurs sont réellement très bon et très intense dans leur prestation!!