Hier soir, c’est une pièce intimiste remplie de douceur qui m’a été donnée au centre du théâtre d’aujourd’hui, de voir malgré un sujet douloureux soit vivre avec l’aphasie et ce qui en découle les problèmes d’élocution, quand on est un amoureux de la communication.

« J’aurais pu écrire documentaire et non une pièce » indique Anne-Marie Olivier. Ellenous raconte la nouvelle vie de Maurice Dancause. Cet économiste, travailleur acharné, se lève un matin et s’effondre. AVC. Neuf jours de coma, quatre ans de réadaptation. Depuis, tout a changé : son cerveau, ses gouts, sa sensibilité, sa personnalité même. Cliquez sur le lien pour voir une entrevue avec Maurice Dancause : lien entrevue.
Maurice, interprété par Anne-Marie Olivier, invite un spectateur pris au hasard au début de la représentation dans son appartement, à partager un verre, le jour de son anniversaire. Le décor est dépourvu de fioritures : une table, deux chaises, un frigo. Cela ajoute au côté intimiste de la mise en scène et je pense que cela est totalement voulu par Olivier Arteau qui signe la mise en scène.




L’invité est donc spectateur et acteur puisqu’il interagit avec Maurice. Il lui répond, donne son avis, l’aide à trouver ces mots. Il y a donc également une part d’improvisation pour l’artiste. Difficile de parler quand les mots de mêlent et que nous avons de la difficulté à les prononcer. Mais on sent chez Maurice cette soif de vivre coûte que coûte. Oui son aphasie l’a brouillé avec sa famille, car il n’a plus de filtres. Oui il a du mal à effectuer certaines choses comme éplucher une orange puisqu’il n’a plus qu’une main fonctionnelle. Mais il est en vie et il veut jouir de ce cadeau qu’est la vie.
Et il y en a de la vie dans cette pièce d’une heure trente. On rit. Un rire remplie de chaleur humaine. Une soirée qui fait du bien au cœur et à l’âme.
Très belle preuve de résilience qui devient souvent une force pour certaines personnes qui ont eu à faire face à un drame qui laisse des séquelles physiques ou psychologiques. En effet je trouvais que le propos de cette envie de vivre est transposable à d’autres cas que l’aphasie. C’est une belle expérience que nous fait vivre la compagnie Bienvenue aux dames.
Ce qui a rendu ma soirée magique fut le fait que devant moi Maurice Dancaus était présent. Je le voyais réagir et l’entendait dire mon dieu qu’elle est bonne. Et pour ajouter au tout la spectatrice invitée s’appelait Aurélie physiothérapeuthe qui connait très bien le sujet. Elle rendait le change à Anne-Marie Olivier avec les bons mots, le bon ton.
Je ne que dire la vie de m’avoir permis de vivre ce moment. J’espère que vous serex beaucoup à y aller pour avoir la mêne chance que moi.
La pièce est en représentation jusqu’au 4 février et le livre du même titre est publié aux éditions L’instant même.
Crédit photos : Émilie Dumais