Lequel est un Basquiat ?

Comme beaucoup de graffiteurs Samy, arpente les murs de Montréal. Mais pas de n’importe quelle façon. D’origine haïtienne il ne choisit que des endroits ou des personnes noires ont contribué à l’histoire de la ville.

Quelqu’un remarque son talent et lui fait une proposition : devenir faussaire d’œuvres de Jean-Michel Basquiat pour des sommes astronomiques. Au fil du temps Samy va apprendre et apprendre sur l’œuvre et l’artiste lui-même. Cela ne sera pas sans conséquence. Le principe du vase communiquant opère, plus il gagne en connaissance d’un côté, plus il perd les fragiles repères de sa personnalité.

Au travers elle, Philippe Racine nous décrit l’identité noire au Québec et à la complexe recherche d’authenticité qui anime les premières générations d’immigrants. Pas facile de faire sa place l’un, comme il n’était pas facile d’être un grand artiste. Comment ne pas se perdre en tant que personne à l’instar de Basquiat qui a fini par se perdre et mourir d’une overdose un 7 juillet 2013. Cette pièce s’appuie sur la vie de Basquiat pour faire un parallèle avec la réalité d’être d’origine haïtienne à Montréal en 2022 tout en nous faisant découvrir un peu plus Jean-Michel Basquiat. Plusieurs de ses œuvres sont projetées sur les murs. Le décor lui-même nous fait penser à l’univers de Basquiat.

voici comme l’auteur en parle

J’ai fini par accepter que je ne pouvais pas tout comprendre de Basquiat, du monde qui m’entoure, de moi. La linéarité est une illusion qu’on se crée pour calmer l’angoisse. Ceci est une invitation à entrer dans les tableaux de Basquiat, à vous faire votre propre histoire. Et en passant, je vous raconterai celle de Samy. Et un peu de la mienne. Je souhaite que ces moments d’angoisse partagés aident à nous comprendre.

Avec ce don qu’il a pour écrire j’espère qu’un jour il adaptera cette pièce en livre, car Dieu que le texte est puissant. Pleins de rimes, de double sens et j’en passe. Du travail d’orfèvre.

Ce monologue n’a rien d’ennuyant pour plusieurs raisons. La principale Samy nous interpelle quelques fois. Il nous pose des questions. De plus, pour accompagner ses textes Philippe Racine a également créé la musique. Il a aussi traduit des morceaux d’interview de Basquiat. En voici un extrait.

De plus il y a des créations vidéo (Jean-François Boisvenue) et peintures (Chloé Surprenant). Ces ajouts format audio, vidéo, et peinture donne une œuvre moderne que les jeunes apprécieront. Je souhaite de tout cœur que cette fresque théâtrale arrive à créer des ponts. Cela signifierait que Philippe Racine a gagné son pari.

Cette création du Théâtre de La Sentinelle en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui sera présentée jusqu’au 1er octobre 2022

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crédit photos : Valérie Racine

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