En 2016, Louis-Karl Picard-Sioui publiait Chroniques de Kitchike : La grande débarque aux éditions Hannenorak. Dans ce recueil de nouvelles, il nous plonge dans le quotidien de femmes et d’hommes ordinaires qui sont confrontés à des forces politiques, économiques et mythiques qui les dépassent.

Basé sur ce recueil, Daniel Brière et Dave Jennis mettent en scène un des personnages. Nous voici donc à la rencontre de Pierre Wabush. Pierre, à première vue est des plus banal, la quarantaine, sans enfant, sans profession.
Sauf qu’il a des démons dû à un lourd passé : père absent, mère alcoolique, victime de racisme à l’école. Wabush a grandi en devenant réfractaire à toute forme d’autorité. Il a tendance à faire le mal plutôt que le bien, même si c’est, dit-il, involontaire. Il se retrouve mis en marge de sa communauté (puisqu’il vit dans une réserve imaginaire du sud du Québec), après avoir fait éclater un scandale. Très heureuse de revoir Charles Bender, puisque cela fait un moment qu’il n’y était pas monté. Il joue à la perfection la névrose de Wabush..
Il est donc seul livré à lui-même et à ses démons, qui feront surface après que son ami Noé lui a fait boire une boisson mystérieuse, lors d’un party.
Tout au long de la pièce, nous allons le regarder affronter, son passé, ses peurs pour sortir de cet univers. Il y est obligé par trickster qui manipule son esprit (personnage mythique immortel, dont son occupation est de « torturer » les êtres vivants). Il est interprété par Dave Jennis. Mais en même temps il voit ce qu’il va se passer dans son futur, et donc les impacts de ses actes passés. Une petite voix intérieure va l’aider à sortir de cela. Elle est mon coup de cœur de la soirée. Habillée à la mousquetaire, cette voix, jouée par Joanie Guérin, lui « parle » et à chaque fois, et son interprétation fait mouche.
Il y a d’autres personnages, mais je ne vous dévoile pas tout.
L’intérêt de la pièce réside surtout dans les textes. J’avoue que parfois j’étais un peu perdu entre les différentes narrations, mais les expressions inventées ou utilisées nous apportent un sourire sur le visage. Les dialogues sont corrosifs, remplis d’humour noir, et que nous soyons autochtones ou pas nous en prenons tous pour notre grade. Merci à l’espace Libre de jouer cette pièce jusqu’au 29 octobre
Crédit photos : Marlène Gelineau Payette