Déjà jouée au Festival Trans Amérique un peu plus tôt cette année, la pièce Le virus et la proie est reprise au centre du théâtre d’aujourd’hui jusqu’au 3 décembre. J’ai eu la chance d’assister à la première hier soir et tout un moment !

« Dans une société de la performance, ceux qui ne performent pas ou peu sont hors de notre regard. On a juste à voir comment on traite les retraités et ceux qui ne produisent pas. La structure dans laquelle on vit n’a aucune patience pour tout ce qui ne va pas dans son sens. »
Citation de Pierre Lefebvre
C’est devant ce constat d’injustice sociale que l’essayiste Pierre Lefebvre a écrit Le virus et la proie. Le synopsis est des plus simple : un homme démuni écrit à un homme qui a le pouvoir. À qui écrit-il ? Homme politique, grand industriel, juge ? nous n’avons pas de réponse, ou juste celle que nous imaginerons selon comment nous recevons le texte. En effet le pouvoir est dans toutes les sphères de notre société et cela ne date pas d’hier.
Nous n’assistons pas à un monologue puisque cette lettre écrite à une main est lue à quatre voix : Tania Kontoyanni, Alexis Martin, Ève Pressault et Madani Tall. Le jeu d’Alexis Martin est mon coup de coeur de la soirée. Quel comédien formidable. il peut tout jouer.
À travers ce texte l’auteur y dénonce les revers du pouvoir. Pour amplifier le fait que la personne qui écrit a peu de choses, Benoît Vermeulen créé une mise en scène minimaliste : pas vraiment de décor, juste une chaise, puis 2 pour arriver à 4.
Cela rend le texte encore plus fort, puisque rien d’autre pour nous en détourner. Et quel texte ! Le vocabulaire est dense, riche et percutant ! Mais je vous rasssure pas besoin de venir avec son Larousse sous le bras. Nous rions même parfois devant la lucidité du propos grâce aux mots et métaphores employés.
En voici en apercu, avec cette lecture d’un extrait par l’auteur lui-même.
Cette pièce fait honneur aux MOTS tout en dénonçant une situation, un peu à la façon d’un Molières du 21e siècle.
Avec 4 acteurs de 4 générations différentes, la mise en scène insiste subtilement que tout le monde est touché. Dès notre plus âge nous sommes la proie de ce système qui s’immisce dans tous les aspects de la vie tel un virus. Mais que pouvons y faire ? Et s’il y avait une autre façon de vivre ensemble sans que le pouvoir des uns écrase les autres ? Serons capables d’intégrer la justice sociale dans nos sociétés ?
Crédit photos : Marlène G. Payette