La Flambeau


Toute la communauté haïtienne de Montréal s’était donné rendez-vous hier soir à la première mondiale de l’opéra La flambeau, dans la très belle salle Pierre Mercure. C’était une double première, puisque c’est le premier opéra que le compositeur canado-haïtien David Bontemps a écrit. Il est parti de la pièce de théâtre La flambeau de Faubert Bolivat.

Inspiré des traditions de la mythologie d’Afrique de l’Ouest et de la culture haïtienne du vaudou, cet opéra dénonce la corruption, la misogynie et l’abus de pouvoir. Voici le lien d’une conversation entre David Bontemps et Faubert Bolivat au sujet de l’oeuvre.

aL’histoire en quelques mots est la suivante. Un couple, Madame, la mezzo-soprano canadienne Catherine Daniel, Moniseur, le baryton-basse américain Brandon Coleman, et Mademoiselle qui travaille pour eux depuis peu, la soprano d’origine camerounaise, Suzanne Taffot. S’ajoutent à cela trois esprits. La représentation débute alors que Moniseur répète son discours pour une conférence.

“Res. Publica. Res. Res. Res. Publica.
Publica. Est public ce qui est à tous.
À toi, à lui, à eux, aux charbonniers, aux horlogers, aux députés, aux paysans, aux dirigeants, aux mal-logés comme aux présidents.
Res. Publica. Voudra-t-on une société dans le dos de la Res. Publica?”


Pour contre balancer l’aspect pouvoir, lucidité et le côté terre à terre de Moniseur, Madame parle à sa mère défunte et Mademoiselle ne voit qu’à travers son parrain, Ogou La flambeau. Deux sphères bien différentes qui continuent de cohabiter encore aujourd’hui.

Moniseur commet l’irréparable en violant Mademoiselle. Une nuit, après la fuite de Mademoiselle, apparaîtra un spectre, L’Homme, représentant la Flambeau, joué par le Canado-Jamaïcain Paul Williamson. Il vient au nom de la communauté, juger Moniseur.


Quel sera le verdict ? Comment Madame réagira vis-à-vis du geste de son mari ? Est-ce que Mademoiselle arrivera à se reconstruire ? Vous me connaissez assez pour savoir que je ne vous en dévoilerais pas plus.

La mise en scène est signée, par la comédienne et metteure en scène montréalaise, Mariah Inger. Elle choisit un décor épuré : une bibliothèque avec un pupitre, un canapé au centre de la scène et projeté sur le mur une horloge.


Le chef Alain Trudel quant à lui, assure la direction musicale. Elle est variée entre des cordes et maracas. La partition se marie très bien avec les voix des artistes. Quelle voix roque et basse que celle de Paul Williamson ! elle m’a fait frissonner. Mais toutes les voix sont magnifiques, et justes en fonction du propos qu’elles doivent dire. On ressent bien le sentiment qui habite le personnage.

Je suis enchantée d’avoir assisté à cette première. Non ce n’est pas réservée à la communauté haïtienne. Tout mélomane passera une agréable soirée. Alors, ne gâcher le plaisir d’offrir cela à vos oreilles. Cadeau pour vous mettre en appétit un extrait d’une répétition.

Crédit photos : Annette B. Woloshen

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