Je viendrai moins souvent

C’est une œuvre très personnelle que nous livre Camille Paré-Poirier, au Centre du théâtre d’Aujourd’hui où elle est actuellement en résidence.

Au tout départ, aucune intention d’écrire une pièce de théâtre, mais la vie a fait que … et nous voici avec une œuvre qui pose la question de la fin de vie dans notre société. Comment en est-elle arrivée là ?

Fraîchement arrivée sur Montréal, Camille doit s’adapter à cette nouvelle vie de célibataire. Dans le même temps, sa grand-maman Pauline, ne pouvant plus vivre seule chez elle, rentre dans un CHSLD. Toutes les deux sont en manques de repères, et doivent apprivoiser leur nouvel environnement. Camille visite régulièrement cette femme si indépendante qui ne l’est plus vraiment, la maladie commençant à jouer son rôle destructeur. Son instinct lui dicte d’enregistrer ses discussions. De tout cela elle en fera un balado Quelqu’une d’immortelle.

Dans cette pièce qui est une autofiction, Camille Paré-Poirier va se servir des 4 ans de conversations durant laquelle Pauline va livrer des bouts de vie, des réflexions à sa petite fille pas. Au fil du temps Camille aura en face d’elle une Pauline parfois drôle, parfois touchante, parfois perdue ou encore fâchée.

La mise en scène de Nicolas Michon ainsi pensée accentue à mon point de vue le côté intimiste. Seule Camille est sur scène, avec pour seul objet un vieux fauteuil si confortable qu’on ne veut pas s’en départir. Par contre nous entendrons Pauline. Régulièrement pour appuyer son propos, des extraits sonores s’invitent. De chaque côté de la scène des chariots pour plateaux-repas, qui eux rappellent le CHLSD, où Camille ira chercher tantôt une couverte, tantôt une tasse, une boîte, etc.

Mais ce qui va malheureusement crescendo être c’est les ravages pernicieux de la maladie qui grignote petit à petit la vie de Pauline. Et c’est là tout le touchant de la pièce. La démence prend le pas et puis un instinct de lucidité et Pauline comprend ce qu’elle devient. Venir avec vos mouchoirs est un impératif. Une fois Pauline décédée Camille va faire un bilan et nous confronter. Quelle place ont les ainés dans notre société ? La solitude, voire la dépression, qui vient souvent en fin de vie avec la perte d’un mari avec qui on a vécu 60 ans. L’impuissance des proches aidants, malgré toute la bonne volonté du monde. Et puis le deuil.

Bien que l’on verse des larmes, c’est une pièce cocooning tant qu’à moi. Alors même si elle fait mal je ne peux que vous conseiller d’aller voir cette pièce de 1h30 d’ici le 13 mai 2023. Moi, je me promets d’écouter le balado. Voici le lien si vous voulez l’écouter. Balado Quelqu’une d’immortelle

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Crédit photo : Valérie Remise

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