Si je vous écris, un jeune homme tue un étranger, le démembre et envoie différents morceaux via la poste ? et diffuse son meurtre sur internet. À qui pensez-vous ? « Le dépeceur de Montréal ».
Si je vous demande penseriez-vous passer une bonne soirée à discuter de ce sujet ? J’aurais été la première à dire, je passe mon tour. Le monde est assez anxiogène actuellement. Erreur totale. J’aurais eu tort de ne pas être sorti de ma zone de confort. Quelle pièce ! qu’Homicide présenté au théâtre Prospero jusqu’au 11 novembre. Ce n’est pas une pièce sur ce sombre fait d’hiver, mais s’en inspire.
Derrière le texte de Pascal Brullemans, on ne s’attarde pas sur les gestes posés par le tueur, mais sur ce besoin de reconnaissance que le tueur a. Les réseaux sociaux ayant mis au grand jour ce mal du 21e siècle. Je confesse dans son cas il est macabre puisque que cela passe par le fait d’avoir mis en ligne des vidéos assez crues.

Le tueur est interprété par Dany Boudreault. À n’en pas douter ce rôle sera marquant dans sa carrière. Quel aplomb ! ses gestes, l’intonation dans le texte le rende mystérieux, complexe et mégalomane. Il ne rend pas pour autant le personnage attachant à qui on cherche des excuses. C’est souvent le cas lors de fait d’hiver : une enfance battue ; des parents absents ; des problèmes mentaux, que sais-je encore. Rien n’excuse son geste. On veut juste comprendre pourquoi, et comment devenir un assassin pour obtenir de la reconnaissance. Ce doit être un rôle éprouvant à jouer.

Comme tout tourne autour de comprendre ce mécanisme, la mise en scène de Nini Bélanger fait en sorte que nous occultons la victime. D’ailleurs à la toute fin de la pièce, on nous explique que c’est aussi à la demande de la famille de ne pas nommer. Je fais donc de même. En ne le nommant pas, on ne le remet pas à l’avant-scène. Son but échoue. Pour continuer dans cette veine, la victime est muette. ces mots sortent par la bouche du meurtrier. Cela n’enlève rien au jeu de Christian Rangel qui l’interprète. C’est très ingénieux.
Et puis il y a un monologue de la mère (toujours joué Dany Boudreault ) par du meurtrier. Le moment qui m’a mis le plus mal à l’aise. Elle est tiraillée par l’amour indéfectible d’une mère à son fils et le dégout face au geste posé qui indirectement ruine sa vie. Sauf qu’elle finit par tirer profit de l’atrocité des gestes posés en publiant un livre, dont sera tiré un film.


Pour sublimer le côté anxiogène, un effort a été apporté au décor, et jeu de lumière. Enfin une pièce ou le décor ne bouge pas à chaque scène devant nous. Je sature de ce système. La projection d’image de mot dans les airs devant les acteurs ajoute un plus. Rien à envier face à des théâtres montréalais de plus grands renoms. De la grande mise en scène.
C’est clair que je ne suis pas ressorti avec le sourire aux lèvres, mais il faut aller voir cette pièce. Si nous de commettons pas de meurtre nous avons tous besoin à un degré plus ou moins moindre de reconnaissance. Ne parle ton pas de reconnaissance de ses pères. Vous ? Quel degré, quel type de reconnaissance avez-vous besoin ? Bonne réflexion.
Crédit photos : Camille Gladu-Drouin