Créée par Robert Icke à Londres en 2019, la pièce est on ne peut plus d’actualité.
Fondatrice d’un prestigieux institut de recherche médicale, la Dre Wolff (Pascale Montpetit) refuse l’accès à un prêtre de venir donner l’extrême onction à une adolescente mourante après un avortement non médicalisé. Seulement nous sommes au 21e et le prête ayant filmé l’altercation, la vidéo circule telle une trainée de poudre.
La rumeur a toujours existé et existera toujours. La Dre Wolff se retrouve prise dans un tourbillon qui la dépasse. Elle ne comprend pas pourquoi devoir se défendre estimant n’avoir fait que son travail. Tout le monde a et donne son avis : ses collègues, les généreux donateurs de l’hôpital, des groupes d’activistes, etc.
Ils sont interprétés par Alexandre Bergeron, Sofia Blondin, Alice Dorval, Nora Guerch, Ariel Ifergan, Tania Kontoyanni, Sharon James, Harry Standjofski, Elkahna Talbi, Yanic Truesdale. Le choix des acteurs effectué par Marie-Ève Milot (metteure en scène pour cette pièce) se base sur le vouloir de Robert Icke, une distribution éclectique. C’est un pur plaisir de revoir sur scène Pascale Montpetit, qui se faisait rare sur les planches ces dernières années. Rassurez-vous cela n’enlève rien au reste de la troupe.

Certains lui reprochent d’utiliser son pouvoir, sa renommée pour derrière la science être pour l’avortement. Pour d’autres c’est un acte contre la religion, les hommes …. Bref tout y passe. Nous, spectateurs, pendant presque deux heures, naviguons à travers ces différentes opinions, dont la nôtre. Les sujets ne manquent pas. On aborde la religion, la maladie, le consentement dans un texte est percutant, mais jamais moralisateur. On adore ! Cela est dû en partie par le superbe travail de traduction de Fanny Britt. Elle arrive même à nous faire en rire. Néanmoins les deux moments qui m’auront le plus interpellé sont le monologue sur la religion, interprété par Harry Standjofski, et le dernier à la toute fin par Pascale Montpetit sur la maladie d’Alzheimer et le suicide. Tout simplement poignant. Vu qu’elle aborde le thème du suicide, si jamais je vous laisse les coordonnées suivantes: 1 866 APPELLE ou www.suicide.ca.


Libre adaptation du Professor Bernhardi écrite en 1912 par l’Autrichien Arthur Schnitzle le thème central de sa pièce est les conflits interreligieux. Sauf que nous sommes au 21e siècle. Le clic facile des réseaux sociaux décuple le nombre de personnes au courant. Cela décuple de fait le nombre d’interprétations. Et derrière leurs écrans bien cachés des « bien-pensants » (sarcasme X1000) réagissent, surréagissent et l’effet boule de neige crée des monstres comme il y a 3 ans presque jours pour jours, qui se soldera en France par le décès de Samuel Paty. Et que dire de la guerre que se livre l’État d’Israël et la Palestine actuellement. C’est en ce sens que bien involontairement comme le dit la première phrase de ce texte la pièce est on ne peut plus d’actualité.
Je n’ai qu’une seule chose à dire : à voir ! à voir absolument ! Au théâtre Duceppe, du 18 octobre au 18 novembre.
Crédit photos : Danny Taillon